L’ANSM publie, en décembre 2018,une étude montrant une utilisation de IPP dépassant le cadre de la recommandations des autorités. 16 millions de personnes auraient reçu une prescription d’IPP en 2015.
les IPP que sont-ils ? Que font-ils ?
Essayons de comprendre notre sujet. Et pourquoi les gastro-entérologues les aiment tant.
Quels sont les IPP ?
La liste des inhibiteur de la pompe à proton
- Molécule : Esoméprazole | Nom commercial : Inexium
- Molécule : Lansoprazole | Nom commercial : Lanzor, Ogast, Ogastoro
- Molécule : Oméprazole | Nom commercial : Mopral, Zoltum
- Molécule : Pantoprazole | Nom commercial : Eupantol, Inipomp
- Molécule : Rabéprazole | Nom commercial : Pariet
Les IPP ont pour action de baisser le taux d’acidité produite par l’estomac. Ils sont en général prescrits contre les œsophagites et les reflux, contre l’ulcère gastro-duodénal (ou peptique) ou pour lutter contre hélicobacère pylori. Ce dernier pouvant favoriser des cancers tout comme certaines formes d’EBO (endobachyoesophage). Dans le cas de muqueuse de barrett (autre nom de l’EBO), il peut-être prescrit au long cours pour prévenir les risques de dégénérescence cancéreuse. Les IPP semblent donc être de bons amis car on les pensait sans effets secondaires indésirables.
Les effets secondaires des IPP
Pris pendant de courtes périodes (de quelques jours à quelques semaines), ils ne présentent pas d’effets indésirables. Certaines personnes peuvent mal supporter une molécule pouvant occasionner des migraines dans de rares cas. En général, le changement de molécule est facile et profitable. Il suffit d’en parler avec son médecin.
Les effets secondaires désirables
Le traitement par IPP permet la guérison d’œsophagite causée par des reflux, améliore le tonus du sphincter œsophagien, et de ce fait limite les symptômes du reflux. Autrement dit, par la baisse de l’acidité et une aide à la « fermeture de la porte » séparant votre estomac de votre œsophage ce dernier est protégé et peut se réparer tranquillement.
Les effets secondaires indésirables
- Diminution de l’absorption ou assimilation de :
- la vitamine B12 et C
- du fer > anémie
- du calcium, entraînant une augmentation du risque de fracture et d’ostéoporose ;
- du magnésium
Les carences de ces minéraux peuvent entraîner anémie, ostéoporose, troubles du rythme cardiaques, tremblements.
2. Augmentation des risques de :
- Démence
- Infection intestinale
- Allergies alimentaires
- Cancer
En 2016, une étude sur plusieurs dizaines de patients de plus de 75 ans a démontré un risque de démence augmenté de 44% après seulement 4 mois de traitement par IPP.
Une autre étude menée dans un hôpital de Hong Kong, montre que les risques de cancers de l’estomac augmentent en présence de hélicobactère pylori.
- Le risque double chez ceux qui ont pris les médicaments pendant moins d’un an.
- Les personnes qui ont pris régulièrement un IPP pendant plus d’un an courent un risque cinq fois plus élevé.
- Et il y a huit fois plus de risques de développer un cancer de l’estomac pour ceux qui ont suivis un traitement aux IPP pendant deux ans ou plus.
Un traitement alternatif est-il possible ?
Il existe d’autres possibilités que les IPP. Cependant, il est préférable de discuter avec votre médecin de préférence gastro-entérologue. Et si vous le trouvez peu ouvert à la discussion, allez demander un autre avis.
La voie allopathique sans IPP
Vous pouvez utilisez les antihistaminiques H2 (produit connu sous nom de gaviscon). On dit qu’ils font fonction de bouchons empêchant l’acide de remonter.
Effets secondaires : diarrhée, asthénie (fatigue), douleurs musculaires, éruptions cutanées, confusion mentale.
Stratégie possible : alterner IPP et antihistaminiques si les brûlures ne permettent pas de se passer de traitement.
Avantages : lissage du risque
Inconvénient : à long terme la fatigue au minimum n’est pas éloignée. Éloigne t-on définitivement les effets indésirables ? Les remplace t-on par d’autres ?
La voie naturelle
Adopter un régime plus alcalin et ne provocant pas de sur-production acide de l’estomac. Apprenez à reconnaître les aliments anti-reflux et ceux qui vous font du mal. Changez vos comportements, et vous améliorerez significativement le mal.
Effets secondaires : Si le régime est un succès, il n’y en a pas !
Stratégie possible : Apprenez à vous alimenter et à vivre autrement
Avantage : Plus d’énergie, plus d’envie
Inconvénient : Il faut changer, ce n’est pas facile.
La voie équilibrée : régime de vie adaptée au reflux et IPP
Pour confidence, l’idée m’a été soufflée par un médecin anesthésiste lui-même atteint de reflux gastriques. Depuis des années, il fait régulièrement la fibroscopie de contrôle qui jusque là est satisfaisante. Il mange peu, c’est-à-dire assez, peu gras, ne fume pas, bois occasionnellement. Cependant, il prépare les dîners copieux et arrosés deux ou trois jours avant en prenant son IPP ainsi que le lendemain. De cette manière, il jugule une éventuelle poussée acide dès qu’il pense avoir un comportement inadapté à sa condition. Le reste du temps, il est « sobre ».
Effets secondaires : Nuls, sauf si vous avez des repas copieux et arrosés tous les jours
Stratégie possible : Il faut apprendre à s’adapter, et planifier les prises d’IPP
Avantage : Plus d’énergie, plus d’envie, pas de brûlure
Inconvénient : C’est la solution la plus équilibrée entre contraintes, plaisir, et risques. Cependant, tout le monde ne peut pas se passer d’aide quotidienne.
Nous ne pouvons que conseiller différentes stratégies concertées avec votre médecin. Il faut essayer pour savoir. Les débuts sont toujours difficiles, mais il y a des options.
sources :
Association between Helicobacter pylori and mortality in the NHANES III study (Chen Y, Segers S, Blaser MJ.